Ce n’est un secret pour personne maintenant, mais j’ai une attirance particulière pour les avions au profil pataud et rondelet plutôt que fuselé. Et quand Twobobs sortit, il y a quelques années maintenant, la maquette de cet avion qui est, pour rappel, un avion d'entraînement à réaction conçu par les États-Unis à la fin des années 1950, je tombais immédiatement sous le charme désuet de ses formes et décidais qu’elle serait mienne un jour.
Le temps passa et il fut difficile de se procurer la boite dans ma contrée jusqu’au jour où Special Hobby eut l’excellent idée de la reboiter (qu’il en soit grandement remercier). «Chat échaudé craint l’eau froide», cette fois l’achat fut immédiat.
C’est donc le T-2E, version grecque du T-2C, et qui ne diffère que par l'électronique et la possibilité d'embarquer de l'armement, qui fut choisi. Pourquoi ? Tout simplement car je suis, aussi, amateur d’avion qui ont du vécu et que l’aviation Grecque est une immense source d’inspiration en matière de patine.

Le moulage est plus que correct pour ce type de production (rappelons-le, c’est du Short-Run). Il n’y a pas de retassures et très peu de bavures seules quelques marques d’éjecteurs mal placées ou trop proéminentes nous obligerons à un travail de préparation conséquent afin d’éviter les mauvaises surprise lors de l’assemblage. La gravure, et c’est surprenant, est très fine et bien régulière même si par endroit, notamment sous le fuselage, elle manque de précision. Quant aux pièces en résine, elles sont superbes et ne nécessiterons que très peu de travail particulier pour les mettre à niveau. Seul bémol, la verrière en une pièce, mais fournie en deux exemplaire, est thermoformée et, je dois bien vous l’avouer, le thermoformé n’est pas ma tasse de thé.
Les formes générales, comparées au plan du Naval Fighters, seul plan disponible que j’ai trouvé, ont été bien appréhendées par le fabricant et un premier montage à blanc permet de se rendre compte que l’assemblage, pour peu que l‘on soit précautionneux dans la préparation des pièces, ne devrait pas poser de problèmes particuliers.
La planche de décalcomanies est de bonne qualité et permet de représenter pas moins de 5 décorations, (les stencils sont compris !) toutes au camouflage multi-tons très coloré. De quoi mettre un peu de vie dans votre vitrine.
Dernière petite chose, cette mauvaise manie de ne pas numéroter les pièces sur les grappes, nous obligeant à se référer au plan fournis sur la notice à chaque dégrappage. Il en découle une grosse perte de temps ainsi qu'une source d'erreur, surtout pour les petites pièces, dont on se passerait volontiers. Il convient donc, dans un premier temps, de repérer ces dernières à chaque étape avant de se lancer tête baissée dans le montage.
 

Conclusion

On n'est pas en présence d'un kit destiné aux débutants et un minimum d'expérience est vraiment nécessaire avant de s'engager dans ce type de montage. Cependant, le résultat final est plus que satisfaisant à condition de passer du temps à une bonne préparation des pièces et une bonne planification des étapes. Malgré cela, on n’est quand même pas à l’abri d’une erreur puisque votre serviteur s’est fourvoyé en plaçant le pylône porte-bombes à droite alors qu’il aurait dû être à gauche.
 

Remerciement

Un grand merci à Ioannis Lekkas pour m'avoir fourni un somptueux et très complet photoscope qui m'a été vraiment utile dans la réalisation de ce montage.
 

Montage

Le cockpit, mélange de plastique, résine et photodécoupe, est superbe et s'assemble sans aucune mauvaise surprise. On pourra, cependant, pousser le détail un peu plus loin, histoire d'apporter une petite touche personnelle à l'ensemble et de gagner en finesse sur les parois du fuselage franchement basiques.
Le détail des consoles a été rehaussé à l’aide de rondelles de plastique découpées dans de l’étiré. Deux manettes ont, aussi, été rajoutées tout comme la structure entourant le soufflet du manche à balai (feuille de plomb). On en termine en rajoutant quelques ligne de rivets Archer :


Les sièges, parfaits en tout point, se sont vus affublés des tuyaux d’oxygène et de la combinaison anti-G. Ils sont faits de fil de cuivre entouré autour d’une âme en fil d’étain :

Afin de gagner en finesse et réalisme, le détail des parois a d’abord été enlevé avec une fraise, la finition se faisant à la lame courbe et à la paille de fer d’ébéniste 000 :

On refait le tout en profilé et carte plastique et Archer pour les lignes de rivets :
 
La baignoire reçoit en guise de préombrage, un mélange de Noir et de Marron sur lequel on pulvérise en voile la couleur de base, du H325 en l’occurrence, en insistant sur les parties qui reçoivent la lumière :

Certaines ombres du fond de la baignoire sont accentuées en ajoutant du noir à la couleur de base alors que la partie supérieure reçoit un voile de la couleur de base pure afin d'éclairer l'ensemble :
 
Enfin, la gravure est soulignée avec un jus, mélange de Jaunes de Naples et de Noir :
 
Les détails sont repris au pinceau trois poils et à la peinture Prince August (P.A.), excellente pour ce genre de travail. On vieillit, enfin, à sa guise en pratiquant des éraillures et en empoussiérant au pigment :
 

Le même processus - même ordre, mêmes couleurs - est appliqué sur les parois du fuselage :
 
Ainsi que sur les sièges éjectables. Au-dessous de ces derniers, on peut voir la baie du train d'atterrissage du nez qui a été détaillée uniquement pour le plaisir. Il n’en restera rien de visible une fois en place :


le capot de nez a, tout d'abord, été séparé des demi-coquilles afin de le représenter ouvert ce qui permettra de montrer le radar présent sur la version grecque.
Le capot de la baie électronique à l'avant du fuselage, qui sera ouvert, a été reconstitué en deux parties. Le corps principal est en feuille d’alu mis en forme sur la pièce d’origine alors que le nez a été thermoformé sur cette dernière :

Les emplacements des deux loquets de fermeture (profilé plastique carré) sont d'abord creusés avant de rajouter ces derniers :

Puis la structure interne est réalisée, toujours avec du profilé carré :


La gravure est reprise car, même si elle est correcte, elle manque de profondeur ce qui risque de poser des problèmes lors du passage des jus. J'en ai profité pour corriger quelques erreurs, essentiellement des panneaux mal placés ou inexistants, et d'en rajouter d'autres en relief à l'aide de scotch aluminium. Ensuite, les ouïes d'évacuation latérales sont évidées. C'est tellement visible sur le vrai que vous ne pourrez pas échapper à cette opération. De plus, c'est ce genre de détails qui participe à l'originalité de l'avion :
 

L’assemblage de tout ce petit monde se passe sans problème majeur - le temps passé à la préparation des pièces n'a pas été du temps perdu :


La baie radar est constituée essentiellement d’étagères sur lesquelles viennent prendre place les différents boîtiers. On aperçoit, aussi, de chaque côté de la casquette avant, le tube de désembuage du pare-brise fait en profilé plastique et les cales qui serviront à surélever le pare-brise, trop bas à l’origine :
 

Elle est peinte en Interior Green, tout comme l’intérieur du capot moteur :
 

L’empennage, un des points faibles de cette maquette, a nécessité un gros travail d’affinage, notamment des bords de fuite, et de mise à niveau. Tout l’arsenal des matériaux à notre disposition a été utilisé, allant de la carte plastique au scotch alu, en passant par du Surfacer pour le karman et des rivets Archer :
 

Vue générale montrant les différentes corrections et ajouts. Il est intéressant de constater que, pour le moment, une très petite quantité de mastic a été utilisée pour l'assemblage. Cela ne durera, hélas, pas :
 

Ici aussi, la gravure est accentuée et quelques trappes de visite sont ajoutées, surtout à l'intrados et les parties mobiles ont vu leur bord de fuite aminci (il y a des progrès à faire de ce côté-là, chez ce fabricant).
Les bidons, s’ils sont corrects de forme, manquent de détails et ont été améliorés par l’ajout de lignes de soudure, de trappes et de drains. Contrairement à ce que recommande le fabricant, je les ai collés à ce stade pour des raisons évidentes de facilité. Il convient de noter que la notice n'est pas vraiment logique sur certains points et qu'elle ne doit pas être suivie à la lettre. Leur mise en place se fait sans soucis et très peu de mastic a été utilisé :


Enfin, deuxième point faible de ce modèle, les baies du train principal, simplifiées à l’extrême par Special Hobby qui a totalement fait l’impasse sur sa structure si particulière au niveau du logement de la roue. Je l’ai donc recréée en utilisant du profilé plastique carré de 0,3mm. Le reste des détails a été réalisé une fois les ailes collées en place :




Vue générale de l’intrados qui montre les différentes corrections et les ajouts effectués. Il n’en sera pas de même à l’extrados, heureusement :
 
 
Au passage, on remarquera le porte-bombe installé sur le mauvais pylône (Mea Culpa) et la quasi-absence de mastic utilisé (un bon point pour le fabricant) :
 
 
L'absence de guide et le collage champs contre champs ne facilite pas les choses, surtout pour obtenir le dièdre adéquat et, tout en se référant au plan, il a fallu procéder à un nombre incalculable d'essais avant de trouver le bon angle tout en minimisant le joint à l'emplanture. Ce dernier est ensuite rempli de colle cyanoacrylate liquide afin de le combler et, par la même occasion, de renforcer l'assemblage.
Ils sont finalement recouverts de scotch aluminium pour représenter le Karman.
Cette épreuve passée et quelques litres de sueur perdus, la suite du montage va nous paraître d'une facilité déconcertante :
 
 
Les marquages que l’on aperçoit sur les différents boîtiers sont prélevés sur une planche « Cockpit Placard Decals » de chez Airscale :
 

L’extrados est recouvert de l’incontournable rivet Archer. Je n’ai pas représenté toutes les lignes, seules les plus visibles sont en place. Les autres seront faites en trompe l’œil lors de la peinture :
 

Avant toute chose, on recouvre la maquette d'une couche d'apprêt qui permettra d'emprisonner les rivets Archer et d'éviter, ainsi, de les arracher lors des différentes manipulations à venir. J'ai utilisé pour la première fois le primer Prince August, une base acrylique polyuréthane. Il s'utilise tel quel ou légèrement dilué (25 à 30% maximum) à l'eau déminéralisée. Une fois sec, il est parfaitement lisse et solide et permet d'obtenir, ainsi, un état de surface parfait pour la peinture à venir :


Les parements rouge et blanc sont peints et patinés en premier pour simplifier les masquages. Le Rouge de base, trop rouge à mon goût, a été légèrement coupé avec quelques gouttes de Jaune :
 

La peinture de base à l'intrados est le H311 Gunze :


Le camouflage du Buckeye Grec est un camouflage trois tons (deux Verts et un Marron) sur l’extrados. Il est semblable au camouflage SEA des avions Américains ce qui est une chance puisque ces couleurs existent, sans mélange, dans la gamme des peintures Gunze. Nous avons donc H303, H309 et H310. La séparation des couleurs est à bords floues et a nécessité l'utilisation de masques flottants et il sera passablement patiné, comme on peut le voir sur beaucoup de photos. On profite des masques 
pour réaliser des stries, dans le sens du vent relatif pour les ailes et verticalement pour le fuselage, avec la couleur de base éclaircie avec du H85 pour le Marron et du H318 et du H79 pour les deux tons de Vert :


Le jus à l’intrados est un mélange de Noir et Marron afin d’obtenir un Gris sale marronnasse en accord avec la patine qui va suivre. Les jonctions des parties mobiles et fixes ont, elles, reçu un jus noir pour bien les différencier :
 

Certaines gravures, notamment sous le fuselage, sont accentuées avec un mélange de Noir et Marron. Cette même couleur servira à accentuer les ombres dans les creux et servira, aussi, à réaliser des lignes de rivets en trompe l’œil, essentiellement autour des baies du train : 
 

La patine se termine par la dépose des salissures, traces et autres coulures. On voit mieux sur ces dernières photos, les lignes de rivets ajoutées sur le devant des puits. Ces derniers sont peints en Blanc pur puis patinés aux huiles Ombre Brûlée et Terre de Sienne :


Le travail sur le dessus sera identique à ce qui a été fait à l’intrados. Les jus, cette fois, ont été choisis dans les mêmes tons que les couleurs de base, à savoir Black green and Raw Umber. La couleur Tan est fanée avec du H85 Gunze, un Beige très clair. Les ombres sont accentuées avec un mélange de Noir et de Xf-10 :


Chaque vert est ombré en ajoutant à la couleur de base sa complémentaire (Rouge) plus une goutte de Noir. Ils sont éclaircis en mélangeant, toujours la couleur de base, du H318 Gunze et du Jaune. Cette dernière couleur n'a été utilisée que pour le Vert Foncé afin de faire ressortir sa tonalité Verte :
 

Enfin, on apporte un éclairage supplémentaire sur les saillants, en Jaune pour les Verts et Jaune Sable pour le Marron :
 

Un peu de micro peinture aux emplantures pour représenter des écaillures. Ces zones étant soumises à rude épreuve dans la réalité, on se peut se lâcher allègrement :
 

Les auréoles que l’on aperçoit un peu partout sur l’avion sont faites avec un jus Marron dans lequel j’ai rajouté une goutte de vernis brillant. Il est déposé sur la maquette qui a été au préalable vernis en mat :


Au final, un brossage à sec et à l’acrylique P.A. est réalisé sur l’ensemble des rivets en relief pour les faire ressortir :
 

Le train et les trappes sont suffisamment bien représentés pour être utilisés tels quels. Seules les durites ont été rajoutées et la tringlerie des petites trappes refaites, celles en résine de la boite étant inutilisables :
 
 
Sa mise en place fut des plus ardues, aucun repère n’ayant été prévu par le fabricant pour coller le train. Il faut, comme pour les ailes, procéder à tâtons en se référant au plan afin de trouver les bons angles d’inclinaison des jambes. Les jantes des roues ont été peintes en rouge et non en blanc comme de coutume. Rien de saugrenue à ça ni la volonté d’une quelconque « licence artistique » de ma part (pas cette fois, du moins) mais j’ai tout simplement vue cette particularité sur une photo du Buckeye n°160068 tirée de cet excellent site : http://www.jetwashaviationphotos.com, avec comme explication, je cite : « les roues ont été clairement cannibalisées sur un des ex- avions de l’US Navy stockés à Kalamata et servants de pièces détachées à la flotte vieillissante de Buckeye Grecs » :


Les derniers accessoires qui viendront finir de meubler la maquette.
La verrière a vu son intérieur meublé par l’ajout de montants latéraux en carte plastique et du système de désembuage en profilé plastique :
 
 
Les bandes « remove before flight » sont imprimées sur une feuille de décal vierge et, ensuite, collées sur des bandes de feuille de plomb :